Ronald Rosbottom_credit Kane Haffey copy 260x347Paris Mourns Heroes of the Pen [Paris pleure ses héros de la plume] par Ronald C. Robottom. © 2015 Ronald C. Rosbottom. Publié avec autorisation. Tous droits réservés. Lu en partie à la Bibliothèque Américaine de Paris en janvier 2015.

(English) Auteur du bestseller When Paris Went Dark[1], Ronald C. Rosbottom est la personne la mieux placée pour parler de la noirceur qui a encore une fois frappé Paris, au regard du tragique attentat commis il y a quelques semaines dans les bureaux de Charlie Hebdo. La lettre de Ronald C. Rosbottom adressée à ses collègues et amis capture la terreur et l’humiliation qui ont accablé Paris. When Paris Went Dark : The City of Light Under German Occupation, 1940-1944 nous paraît plus que jamais d’actualité.

[1] Quand Paris est devenu noir : La ville de lumière sous l’occupation allemande, 1940-1944

Paris pleure ses héros de la plume
Par Ronald C. Rosbottom
8 janvier 2015

Après avoir appris pour l’attentat d’hier dans les bureaux de Charlie Hebdo, un hebdomadaire satirique parisien, l’un d’entre vous m’a écrit : « êtes-vous en sécurité ? ». La réponse est oui, ça va, mais nous vivons dans une époque peu sûre.

Hier, nous déjeunions dans un restaurant sur la rive gauche lorsque l’une de nos amies a lu sur son téléphone portable qu’il venait d’y avoir une attaque à main armée près de la Place des Vosges, dans le Marais, où nous avons l’habitude de faire les magasins et dîner. Nous avons demandé aux serveurs s’ils en savaient plus mais ils étaient aussi peu informés que nous. Ma femme, Betty et moi avons tout de même entrepris d’aller dans le Marais, où nous avions prévu de passer l’après-midi. Nous avons fait une pause dans un café pour regarder la télé et les nouvelles étaient ahurissantes : une douzaine de personnes, dont dix journalistes, caricaturistes et membres du journal avaient été abattues, juste avant midi. Des vidéos amateurs montraient deux tueurs cagoulés monter dans une voiture, après avoir abattu un policier blessé d’une balle dans la tête.

L’information a vite fait le tour de la ville et sur le chemin qui nous ramenait chez nous, partout, les Parisiens vérifiaient sur leur téléphone portable s’il n’y avait pas d’autres précisions. En quelques heures, des milliers d’entre eux se sont rassemblés de manière spontanée sur la Place de la République, une place utilisée comme point de rassemblement lors de nombreuses manifestations pour les droits de l’Homme. Nous avons vu à la télé des centaines de personnes tenant des bougies, des pancartes où l’on pouvait lire « Je suis Charlie » mais, ce qui était plus poignant encore, c’était de les voir brandir leurs stylos, leurs Bics, leurs stylos plumes, en guise de solidarité avec ces journalistes qui s’étaient moqués de manière joyeuse, satirique et souvent avec mauvais goût des opinions religieuses et politiques de certains.

Aujourd’hui il pleut à Paris, la foule s’est rassemblée en face de la Cathédrale Notre Dame, sur la Place de la République à nouveau et partout ailleurs dans la ville et le pays. Le Président François Hollande a décrété trois jours de deuil national, phénomène rare. La pluie accentue le sentiment de tristesse qui enveloppe cette magnifique ville. Baudelaire, poète du XIXe siècle écrivait à propos de ces temps si sombres « quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle/Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,/Et que l’horizon embrassant tout le cercle/Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits. » C’est ce que ressentait Paris aujourd’hui, lorsque je suis sorti acheter une douzaine de journaux – tous politiques – commentant les évènements encore résonnants de la veille.

Paris représente beaucoup de choses pour Betty et moi : une joie de vivre qui se traduit par une profonde conviction que la vie peut être agréable, que le fait de prendre son temps au cours d’un repas entre amis est le comble du raffinement, que le simple fait d’observer les gens savourer la ville est un divertissement en lui-même, qu’il y a tellement de petits gestes que les Parisiens font et qui ajoutent une pointe de confort esthétique dans leur existence quotidienne ! Cependant ces évènements nous rappelle une autre tradition parisienne, celle de la tolérance, croire au pouvoir guérisseur de l’engagement intellectuel, que la critique est un antidote sain contre l’autosatisfaction et le confort. Ici, la liberté n’est pas un idéal vide, c’est une réalité palpable.

Charlie Hebdo n’était pas un grand journal et ne comptait pas parmi les plus lus. Son impact le plus persistent provenait des caricatures dessinées par ses illustrateurs et qui étaient souvent reprises par les médias du monde entier. Rien n’était sacré, les croyances de tous étaient critiquées. Quelques années auparavant, les bureaux du journal avaient brûlés sous les bombes incendiaires et les employés avaient été menacés. Plus récemment, l’hebdomadaire avait pris pour cible systématique « l’Islam radical », autrement-dit, ceux qui se servent de l’une des plus grandes religions au monde pour servir leurs propres intérêts. Dans un essai formidable paru dans Salon’s e-zine, Laura Miller écrit « tuer quelqu’un parce qu’il s’est moqué de vous est une confession tacite de votre propre impotence, une preuve de la fragilité de votre estime et de votre légitimité. » Malheureusement, ces sentiments d’impotence et de légitimité instable se combinent trop souvent et donnent lieu à des meurtriers profanes et inconsidérés. Grace aux pays comme la France, la lumière de la raison continuera à montrer au reste du monde le chemin vers le bon sens.

Parmi les coïncidences qui rendent la vie si surprenante, j’étais allé dans le Marais pour acheter un cadeau de Noël que je m’étais promis à moi-même : un magnifique stylo plume. Je l’ai acheté quelques heures à peine après que douze personnes sont mortes pour avoir défendu mon droit d’utiliser ce stylo en tant que critique.

When Paris Went Dark: The City of Light Under German Occupation, 1940-1944 par Ronald C. Rosbottom. Présélectionné pour le National Book Award, disponible en livre de poche.

Rosbottom_WhenParisWentDark14 juin 1940, les tanks allemands pénètrent dans un Paris désert et silencieux. La ville de lumière était occupée par le troisième Reich. Les Parisiens étaient humiliés, sous le choc, mais toutefois curieux face aux milliers de soldats allemands dans leurs boulevards. Les Allemands étaient également perplexes : Comment réagir face à une ville qui n’a pas tiré un seul coup de feu pour se défendre ?

Commémorant la Libération de Paris il y a plus de 70 ans, When Paris Went Dark: The City of Light Under German Occupation, 1940-1944 de Ronald C. Rosbottom (Back Bay Books/Little, Brown and Company) désormais disponible en livre de poche, tisse une tapisserie de témoignages pour permettre aux lecteurs de redécouvrir la texture de la vie quotidienne dans une ville qui semble être resté la même mais qui a beaucoup perdu de son panache. Au cours des quatre années d’occupation, un sentiment de normalité s’est installé dans Paris, les occupants et les occupés s’efforçant de cohabiter.

Ce récit expansif fascinera les lecteurs qui se plaisent à explorer l’héritage permanent de la Seconde Guerre Mondiale, de l’histoire du peuple juif et du rôle de l’art dans un environnement répressif – et, bien entendu, les amoureux de la France. (Acheter)

Excerpt: When Paris Went Dark: The City of Light Under German Occupation, 1940-1944 de Ronald C. Rosbottom. Copyright © 2014 by Ronald C. Rosbottom.Imprimé avec la permission de Little, Brown and Company (Première partie) (Deuxième partie).

Interview: Ronald C. Rosbottom’s “When Paris Went Dark” – Marking the 70th anniversary of the Liberation of Paris (Première partie) (Deuxième partiepublié sur A Woman’s Paris®.

DES ÉLOGES POUR WHEN PARIS WENT DARK

« Un aperçu harmonieux des nombreuses formes subtiles prises par l’accommodation, ainsi qu’un sentiment vivace de ce que les Français appellent à ce jour « les années noires », les quatre longues années durant lesquelles leur pays ne leur appartenait plus. » —Wall Street Journal

« Une description fascinante de l’une des plus marquantes prises d’otages de l’histoire : les 1500 jours durant lesquels une croix gammée a flotté du haut de la Tour Eiffel. Ronald Rosbottom illumine chaque recoin d’une ville assombrie et abattue en explorant les bizarreries, en capturant l’humeur sinistre et insistant sur le prix de la résistance, de l’accommodation et de la collaboration. Le résultat est un récit intime, radical, intelligent dans sa perception et effrayant dans ses détails riches. » —Stacy Schiff, auteur de Cleopatra, A Great Improvisation, et Véra

« When Paris Went Dark raconte à travers d’innombrables témoignages captivants, comment l’occupation nazie a drainée la lumière hors de Paris et comment bon nombre de ses habitants ont résisté de maintes façons. C’est un travail remarquable sur l’histoire, un récit brillant sur la façon dont l’espoir peut continuer à grandir dans les rituels du quotidien. » —Scott Turow, auteur d’Identical

Ronald C. Rosbottom possède le titre de Winifred Arms Professor in the Arts and Humanities, il est aussi professeur de français et d’études européennes au Amherst College. Auparavant, il a occupé le poste de doyen de l’Université d’Amherst puis celui de directeur du département des langues romanes à l’Ohio State University. Il vit désormais à Amherst, Massachusetts.

Photo credit: Kane Haffey

Remerciements : Julie Valdre, étudiante en Master Traduction anglais-chinois à l’Université Paul Valéry Montpellier et traductrice pour A Woman’s Paris.

Dates de la tournée 2015 pour When Paris Went Dark

12 mars : New York, NY – Mid-Manhattan Library
13 mars : Maplewood, NJ – (words) Bookstore
27 mars : Washington, DC – Politics & Prose
7 avril : Baltimore, MD – Enoch Pratt Librar
8 avril :Washington, DC – Kramerbooks
17 avril :Chicago, IL – Seminary Co-Op
18 avril :Bexley, OH – Bexley Public Library
1 mai : New York, NY – Paris American Club
4 mai :Cambridge, MA – Porter Square Books
8 août :Stonington, CT – La Crua Center

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Tilar J. Mazzeo’s “The Hotel on Place Vendôme” – Hôtel Ritz in Paris: June 1940 (excerpt). Tilar J. Mazzeo, author of the New York Times bestseller The Widow Clicquot, and The Secret of Chanel No. 5. This riveting account uncovers the remarkable experiences of those who lived in the hotel during the German occupation of Paris, revealing how what happened in the Ritz’s corridors, palatial suites, and basement kitchens shaped the fate of those who met there by chance or assignation, the future of France, and the course of history.  (A Woman’s Paris® interview with Tilar J. Mazzeo)

John Baxter’s “Paris at the End of the World” – Patriotism transforming fashion (excerpt). Preeminent writer on Paris, John Baxter brilliantly brings to life one of the most dramatic and fascinating periods in the city’s history. Uncovering a thrilling chapter in Paris’ history, John Baxter’s revelatory new book, Paris at the End of the World: The City of Light During the Great War, 1914-1918, shows how this extraordinary period was essential in forging the spirit of the city we love today. (A Woman’s Paris interview with John Baxter)

French Impressions: Barbara Will on Gertrude Stein, Bernard Faÿ, and the intellectual life during wartime France. From 1941 to 1943, Jewish American writer and avant-garde icon Gertrude Stein translated for an American audience thirty-two speeches in which Marshal Philippe Pétain, head of state for the collaborationist Vichy government, outlined the Vichy policy barring Jews and other “foreign elements” from the public sphere while calling for France to reconcile with its Nazi occupiers. In her book, Unlikely Collaboration: Gertrude Stein, Bernard Faÿ, and the Vichy Dilemma, Barbara Will outlines the formative powers of this relationship, treating their interaction as a case study of intellectual life during wartime France.

French Impressions: Dr. Alan T. Marty on the dark history of the City of Light. Alan T. Marty, MD, armed with an historically-informed exploratory spirit, has often encountered Paris’ endless capacity to evoke a mood, to surprise with similar absent/present paradoxes, as detailed in his A Walking Guide to Occupied Paris: The Germans and Their Collaborators, a book-in-progress. His work has been acknowledged in Paris dans le Collaboration by Cecile Desprairies, Hal Vaughan’s book Sleeping with the Enemy: Coco Chanel’s Secret War; and referenced in Ronald Rosbottom’s When Paris Went Dark, and in an upcoming book about Occupied Paris by Tilar Mazzeo.

Readers’ Choice: 253 Good Books About France (2014). Your quest is to dig below the surface, peek behind the façade, where lurks a story, rumor, recipe or fossil. We have an eagerness to explore fresh ideas, to forge powerful relationships and build a community. Readers, we invite you to draw close this narrative, woven on A Woman’s Paris, a narrative that has come to life, to discover secrets of the past and take part in shaping the future. Become a part of our conversation. We celebrate the art and ideas of people from every place and every heritage.

Text copyright ©2015 Ronald C. Rosbottom. All rights reserved.
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