Café Culture in Paris, Thyra Helgesen

Par Flore der Agopian

(English) A paris, les cafés sont une véritable institution. Ce n’est pas tant le café en lui-même (bien que la plupart des Français boivent beaucoup de café) mais plutôt le lieu, propice à la rencontre. Les cafés parisiens ne désemplissent pas, qu’importe l’heure, le quartier ou la météo. Le café est le lieu idéal pour flâner quelques heures avec un livre, avec des amis ou simplement pour observer les allées et venues des passants.

En été, les gens s’assoient en terrasse et profitent du soleil et du paysage parisien : ses rues grouillantes de passants, de voitures et de bus, ses monuments historiques, ses grandes avenues et ses rues pavées. Même en hiver, on s’assoit aux terrasses des cafés, qu’il pleuve ou qu’il neige, protégés du froid par des chauffages d’appoint et du vent par des auvents. Les cafés parisiens existent depuis des siècles et jouent un rôle central dans la vie sociale de Paris. Le plus vieux, le café Procope, rue de l’Ancienne Comédie dans le 6ème arrondissement, est ouvert depuis 1686. Paris  ne manque pas de cafés : Café de la Paix, Les Deux Magots, Le Café Flore, Le Fouquet, Le Deauville et les nouveaux : Café Beaubourg dans le centre George Pompidou et Drugstore Publicis sur les Champs Elysées.

Tous les matins, les Parisiens s’empressent de se rendre au café du coin pour boire un café, souvent debout ou assis au comptoir, pour bien commencer leur journée de travail. Toute la matinée, les cafés sont remplis de personnes assises à l’intérieur ou en terrasse, sirotant un expresso, mangeant un croissant et lisant Le Monde ou d’autres journaux. Selon le quartier où vous vous trouvez, un expresso vous coûtera entre 3 et 4 euros, un peu plus si vous êtes dans un quartier chic ou touristique. Les cafés parisiens ne sont pas de simples “coffee shops”. Beaucoup d’entre eux proposent une carte complète comportant des plats ainsi qu’une sélection de vins qui sont servis à toute heure de la journée.

La plupart des cafés sont en fait des brasseries dans lesquelles les gens se rendent pour prendre un repas ou un apéritif ! Prendre l’apéro en terrasse est un incontournable de la vie parisienne ! L’ambiance qui règne dans ces brasseries est typiquement parisienne. En France, les repas ne sont pas pris à la légère. Les plats incontournable des cartes parisiennes comprennent le croque-monsieur, un sandwich chaud, au pain de mie, au jambon et au fromage (à l’origine il était servi dans les cafés et les bars comme simple snack), le croque-madame, servi avec un oeuf au plat ou poché déposé dessus et enfin la quiche lorraine : sorte de tarte salée à pâte brisée recouverte d’un savoureux mélange de crème, de lardons et de fromage. J’ai une préférence pour le croque-monsieur parce que c’est un plat que je ne prépare jamais chez moi ou encore le tartare de boeuf servi avec des frites qui, quand il est bien cuisiné, est un réel délice. Un autre incontournable des cartes françaises est le café gourmand : un régal entre dessert et café que vous trouverez dans la plupart des restaurants.  Il s’agit d’une tasse de café accompagnée de trois ou quatre sortes de desserts : une part de gâteau au chocolat, un macaron, une madeleine ou encore une crème brûlée.  Il est souvent commandé en guise de dessert plutôt que de prendre un dessert suivi d’un café. Je découvre toujours de magnifiques cafés lors de mes promenades parisiennes.

Trouver une place dans un café à l’heure du thé est chose difficile : les cafés offrent l’occasion de se réunir entre amis, collègues ou de se retrouver pour un rendez-vous galant ou tout simplement pour se détendre autour d’un café ou d’un chocolat chaud. Les tables sont disposées assez près les unes des autres et il est facile de surprendre la conversation des gens tout autour. Un jour, j’étais assise dans un café et une femme, qui devait être âgée de 80 ans, était assise juste à côté de moi, sirotant son café en silence. Elle était très élégante, avait un visage très fin et portait un foulard en soie et du rouge à lèvres. Très aristocrate. J’imaginais qu’elle devait venir d’un quartier huppé de Paris et vivait dans un appartement haussmannien. Un homme est arrivé et s’est assis à la table d’à côté. Il devait avoir dans la cinquantaine, était habillé plus sobrement et avait une silhouette athlétique. Dans une main, il tenait un casque de moto et dans l’autre une valise noire en cuir. Un homme d’affaires. Je ne me rappelle comment ils ont engagé la conversation mais il était évident qu’ils ne se connaissaient pas et pourtant, quand ils se sont quittés, on aurait dit qu’ils se connaissaient depuis des années. Tout en buvant son café, la femme parlait de son enfance, de ses parents et de la vie pendant la Seconde Guerre mondiale.  La femme avait une voix suave et agréable à écouter. On pouvait entendre l’émotion dans sa voix mais elle n’a pas pleuré. Ils ont commencé à parler de la société et de la vie. Leur conversation semblait très amicale. Après un moment, l’homme s’est levé, probablement pour retourner au travail. La femme, elle, est restée encore un peu puis elle s’est levée et quitta le café. J’avais l’impression d’être dans un autre monde et de revenir soudainement à la réalité, comme quand on regarde un film en cinéma mais en plus réel. C’est ce que j’aime dans les cafés parisiens. Cela dépend bien sûr de la personne assise à côté de nous mais la moindre chose peut provoquer une conversation.

Il y a un nombre incroyable de cafés à Paris, certains sont si prisés qu’il est presque impossible de trouver une place en terrasse ou à l’intérieur. C’est dans les quartiers les plus touristiques que vous trouverez le plus de cafés, parfois on peut en trouver plus d’une dizaine dans la même rue. Qu’importe le quartier, si vous vous trouvez dans le bon café au bon moment, il n’est pas rare d’y rencontrer un artiste célèbre ou une star. Certaines célébrités préfèrent rester discrètes alors que d’autres aiment être vues et elles savent parfaitement où aller et où s’asseoir pour être admirées. Certains cafés sont parfaits pour ça.

Le Café de Flore fait partie de ces cafés célèbres de Paris. C’est l’un des plus anciens et prestigieux cafés à Paris. Vous pouvez y rencontrer et observer ses célèbres clients parmi les Parisiens, les touristes et les serveurs dans leur uniforme noir et blanc, comme dans les années 20. Le Café de Flore est idéalement situé dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, l’un des arrondissements les plus prisés par les intellectuels et artistes parisiens. Pendant et après la guerre, les artistes et écrivains qui se rendaient au Flore ont contribué à sa réputation. Le couple qui a marqué l’histoire de ce café est indéniablement Jean-Paul Sartre, philosophe existentialiste, écrivain et critique littéraire français et l’écrivain et la théoriste féministe française Simone de Beauvoir. D’autres artistes et intellectuels composaient la clientèle du café comme le poète français Louis Aragon, l’artiste espagnol Pablo Picasso, le chanteur et comédien français, né en Italie,Serge Reggiani et le comédien, metteur en scène et dramaturge de théâtre de boulevard, Sacha Guitry. Bien sûr, beaucoup d’Américains célèbres venaient s’y arrêter prendre un café lors de leurs passages à Paris, comme l’auteur et journaliste Ernest Hemingway et l’écrivain Truman Capote.

J’adore m’arrêter et prendre un café, un chocolat chaud ou un apéro au Café de Flore pendant l’après-midi. L’ambiance, la nourriture, les boissons… Pour moi, le Café de Flore a quelque chose de mythique, de légendaire : c’est une véritable institution. Certains cafés mériteraient d’être plus connus alors que d’autres ne devraient pas l’être. Le plus important, c’est de trouver le café qui nous correspond. Là où on se sent bien. Vous trouverez le vôtre à Paris.

Remerciements : nous remercions les personnes suivantes qui ont contribué à la rédaction de cet article : Timothy Wilkerson, docteur et chef de service de Français a l’université du Wittenberg. Mallory Aler, traductrice à A Woman’s Paris, étudiante du Français, de l’Allemand et du Russe à L’Université de Wittenberg, Elyse Rozina, rédactrice en Chef de Traduction à A Woman’s Paris, étudiante du Français et de l’Italien à L’Université de Minnesota Twin Cities, Suzy Keller, traductrice à A Woman’s Paris, diplômée de l’ITI-RI. 

Flore der Agopian crop portraitFlore der Agopain est née à Clamart, une banlieue au sud-ouest de Paris, où elle a grandi et où elle habite aujourd’hui. Elle est en terminale et prépare son Bac au Lycée François Rabelais de Meudon. Elle souhaiterait poursuivre ses études dans les langues et étudier l’histoire, la littérature et la culture des sociétés anglophones. Elle espère pouvoir partir étudier aux Etats-Unis ou en Allemagne. 

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